Royaume-Uni: Rishi Sunak, le nouveau premier ministre du Royaume-Uni, veut réparer les « erreurs » de sa prédécesseure, Liz Truss

Rishi Sunak, le nouveau premier ministre du Royaume-Uni, veut réparer les « erreurs » de sa prédécesseure, Liz Truss

Pour l’ancien chancelier de Boris Johnson, battu par Liz Truss dans la bataille pour Downing Street au début de septembre, ce retour en grâce sonne comme une revanche.

Le Monde avec AFP et Reuters Publié le 25 octobre 2022 à 14h43 Mis à jour le 26 octobre 2022 à 03h07

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Rishi Sunak, lors de sa première allocution en tant que premier ministre devant le 10 Downing Street, à Londres, le 22 octobre 2022.
Rishi Sunak, lors de sa première allocution en tant que premier ministre devant le 10 Downing Street, à Londres, le 22 octobre 2022. ALBERTO PEZZALI / AP

Sa première intervention était très attendue. Rishi Sunak, devenu mardi 25 octobre le troisième premier ministre britannique de l’année 2022, après que le roi Charles III lui a confié le soin de former un nouveau gouvernement, a pris la parole du perron du 10 Downing Street.

« J’unirai notre pays non avec des mots, mais par des actes », a-t-il assuré lors de sa première intervention. « Je placerai la stabilité et la confiance économiques au cœur du programme de ce gouvernement. Cela signifie que des décisions difficiles devront être prises », a-t-il ajouté. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Rishi Sunak, troisième premier ministre conservateur britannique de l’année 2022

Réparer les « erreurs » de Liz Truss

S’il a souhaité rendre hommage à sa prédécesseure, M. Sunak a souligné que Liz Truss avait fait des « erreurs » – certes, selon lui, de bonne foi et sans mauvaises intentions – et qu’il avait été désigné « en partie pour » réparer la situation.

Pour l’ancien chancelier de Boris Johnson, qui avait dû quitter la course à sa succession au début de septembre, après avoir été battu par Mme Truss, ce retour en grâce sonne comme une revanche. Sa prédécesseure a été poussée à la démission après seulement sept semaines au pouvoir, du fait d’une crise financière majeure créée par son « minibudget ». Sa politique, principalement fondée sur des baisses d’impôts massives, a en effet fait tanguer la livre sterling, fuir les investisseurs internationaux et grimper les taux d’intérêt de manière alarmante.

M. Sunak a ajouté qu’il n’était « pas intimidé » par l’ampleur de la tâche. « Nous créerons un avenir qui vaut les sacrifices que tant ont fait et remplirons demain, et chaque jour qui suivra, d’espoir », a-t-il poursuivi. Il s’est également dit « conscient » du travail à effectuer pour « rétablir la confiance », a-t-il dit dans une allusion aux scandales à répétition sous Boris Johnson, à qui il a exprimé sa « gratitude ».

Marge de manœuvre réduite

Ancien banquier et ministre des finances, M. Sunak devient le premier chef de gouvernement britannique d’origine indienne, de confession hindoue, et le premier à être originaire d’une ancienne colonie britannique. A 42 ans, il est aussi le plus jeune premier ministre de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni, après une ascension fulgurante en politique.

M. Sunak est un brexiter, un avocat du libre-échange et des dérégulations, mais sans le dogmatisme de Liz Truss. A la chancellerie entre 2020 et mi-2022, il s’est distingué par son sérieux et sa capacité de travail, et il a à son crédit d’avoir sauvé l’économie et les emplois des Britanniques pendant la pandémie, grâce à un programme de soutien massif aux entreprises.

Mais sa marge de manœuvre est réduite : il prend les rênes d’un pays confronté à une grave crise économique et sociale. L’inflation dépasse les 10 %, au plus haut au sein du G7. Les prix de l’énergie s’envolent, comme ceux de l’alimentation. Le risque d’une récession plane et les marchés attendent de pied ferme l’annonce de coupes drastiques dans les budgets publics. D’ici au 31 octobre, date de présentation d’un budget rectificatif, le chancelier de l’Echiquier de Liz Truss, Jeremy Hunt, qui a été maintenu à son poste, doit avoir trouvé entre 30 et 40 milliards de livres sterling (de 34 à 45 milliards d’euros) d’économies. L’annonce de la nomination de M. Sunak a cependant été accueillie favorablement par les marchés financiers : la livre avait pris 1 % face au dollar, mardi après-midi. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Rishi Sunak, un nouveau premier ministre britannique qui devra faire face à « de profondes difficultés économiques »

Dominic Raab à la justice

Le nouveau premier ministre britannique a nommé dans la foulée son proche allié Dominic Raab, ministre de la justice et vice-premier ministre, a annoncé Downing Street. Cette nomination marque le retour de M. Raab, 48 ans – chef de la diplomatie de 2019 à 2021 puis ministre de la justice jusqu’en septembre dernier –, aux plus hautes fonctions du gouvernement. Déjà vice-premier ministre, il avait remplacé M. Johnson quand ce dernier, malade du Covid-19, avait été hospitalisé plusieurs jours au printemps 2020.

M. Sunak a par ailleurs confirmé à leurs postes le chef de la diplomatie, James Cleverly, et le ministre de la défense, Ben Wallace, optant pour la stabilité dans le contexte de la guerre en Ukraine.

L’ultraconservatrice Suella Braverman a été renommée ministre de l’intérieur, moins d’une semaine après sa démission de ce poste, acte qui avait contribué à la chute de Mme Truss. Francophone qui a étudié à Paris, cette ancienne avocate de 42 ans, d’origine indienne, avait quitté le gouvernement, mercredi, officiellement pour avoir envoyé des documents officiels de sa boîte mail personnelle. Mais, selon la presse, son départ masquait de vifs désaccords avec Mme Truss sur l’immigration, sujet sur lequel Mme Braverman a une position très dure.

Le Monde avec AFP et Reuters/LFP, via lefrancophoneplus.com